Au fil de l’eau

Dans l’âtre du jour, le soleil déplie sa robe printanière. Effleurant les reflets du silence, l’instant respire la douceur opulente et paisible des fleurs de mai. Au fil de l’eau, s’écoulent les parfums d’un matin ordinaire embrumé de lumière. Dans l’intimité du vent, la légèreté danse et multiplie les ombres des feuilles indolentes et veloutées, baignées d’ambre et de résine. Réfugiées au pied d’un chêne, quelques fourmis déshabillent un brin de muguet endormi sur un nuage de coton et de lin. Dans l’embrasement d’un premier baiser, deux adolescents mêlent leurs lèvres aux chants des oiseaux. L’azur habille leurs mains d’arômes secrets, d’errances gourmandes. A la surface de la rivière, des nénuphars flottent mystérieux et gracieux. Se promènent des insectes dans la lenteur de l’air. Le monde ne résonne plus. La sérénité plonge avec les grenouilles, ricoche sur les roseaux en perles de rosée, en ailes de papillons. Au-dessus des ondes safranées, s’étirent les branches des arbres en murmures énigmatiques, frémissent les pensées, s’abreuvent mille rêves opalescents.

 

Texte: MOONATH © ND

Photo : Michaël Leclerc - La vie du petit peuple (blog wordpress)

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