l’oiseau est ici
l’avez-vous vu se poser en synchronie
au creux de votre esprit ?
vous l’avez appelé un soir blafard
et depuis, fier comme un ange guerrier
il balaie de son doux plumage
chacune de vos larmes
sans vous laisser parfois le temps
de dérouler vos émotions
jusqu’au bout du fil
de leurs secrets
le tapis est précieux,
mais pour qui ?
l’oiseau est ici
entendez-vous son silence disert
qui résonne en vos peurs ?
où êtes-vous mélancoliques cailloux ?
bercez-vous encore à chaque pleine lune
l’enfant au creux de vos racines ?
la forêt en vos bras aimants
devenait la plus jolie des fleurs de vie
je m’en souviens très bien
alors revenez ici
l’oiseau est encore là
il attend vos tourments
aux ailes solides
pour en faire le nid du monde
de son bec farouche
il dissèque chaque étoiles brisée
de ses plumes blanches
les transforment
une à une
en pétales de lumière
qui émaillent la tombe de l’été
lorsque les ombres de la terre deviennent rivières de sel
l’oiseau est ici
sur l’océan invisible de nos rêves
où naviguent le jour et la nuit enlacés
Eole s’est déjà envolé
les bateaux de papier avec lui
les réminiscences du large aussi
avant de s’abandonner aux falaises de l’asphalte
sur les toits intérieurs de l’être
restent la lune
l’oiseau et l’infini
sur les vents de janvier
j’ai cru un instant reconnaître son âme
flottant sur les braises du temps
rien d’autre
que la poussière du vide
et pourtant
rien ne compte plus
que l’instant
et son immensité
mais le néant n’est pas malin !
l’oiseau, peut-être ?
puisqu’on le dit magicien !
Texte : MOONATH © ND Photo : Pinterest