Dans les pas du silence, flânant entre les ombres du jour jusqu’à l’infinie lumière de la nuit, l’âme se fond au feu de la mélancolie apaisante de l’encrier. Dans les nuées claires d’une solitude recherchée, déchaînée, océan secret et passionné, écrire. Encore et toujours. Ecrire dans la spontanéité intime d’un affranchissement réparateur et indolent comme une envolée hors-saison, mutante, migratrice, douce et généreuse. Ecrire et caresser les frontières de l’être au-delà des voiles du temps, des brouillards assoiffés, des secrets de Polichinelle, au-delà du tout ! Vertige joyeux et enveloppant, à la lisière de la sérénité, au coeur de l’apaisement. Un présent méditatif et vrai où il fait bon vivre, chanter, se perdre, dépister tous les sentiers qui tourbillonnent au-dessus des nuages et s’enlisent parfois dans le ressac des étoiles, terrain de jeu des vagues pèlerines qui remontent les marées de la mémoire, alignées comme des comètes laminaires, uniformisées, échouées dans la baie du coeur, pataugeant dans les larmes comme dans les rires, à mi-chemin de la vie et de la mort, entre deux horizons aux verticalités pressées par la vase et les lichens de plomb, dressés vers la terre, dans l’appel du doute et des ombres comme un chaos de granit et de larmes, à l’aube de la fin et au crépuscule du début, sommeillant au fond des bois où les fleurs de liège se meurent aux flammes du soleil. Ciel insomniaque d’une terre promise où l’harmonie souterraine est reine d’un temple aux mille couleurs, effeuillant les peines et rafraîchissant les fièvres, denses, triomphales et enfantines, immaculées d’amour inconditionnel, où l’inconnu est un bâtonnet d’encens éternel, exhalant le bonheur, la foi, l’apprentissage de soi et la connaissance du monde. Incandescent. Flottant dans l’air comme des particules d’énergies créatrices, parfumées d’intensité et de simplicité. Ecrire le soir où minuit porte l’envoûtement jusqu’aux fenêtres de l’aurore, pour éloigner les tableaux du quotidien qui s’effaceront au fil des heures dès le premier coup de pinceau retentissant comme la sirène d’une prison, chant inévitable et strident d’une vie à accomplir, professionnelle, mathématique, incohérente, haletante, insignifiante et mortelle. Apprendre de la réalité et embrasser l’insaisissable à chaque instant, accepter ce qui est et transcender l’ordinaire, même chiffonné, griffonné, entier, reposant au fond de son sac à dos, en savourant doucement ses essentiels, en se rapprochant de son ciel, de l’unité.
Dans le souffle d’une bougie aux yeux rougis, bruisse la plume complice sur la page fantôme où l’invisible danse et se mue en mots de rien, en maux de tout. Lire la poussière de la lampe dans la neige d’un sommeil suspendu et apprécier la lenteur printanière d’un violon bohémien éclairant la feuille somnolente. Dessiner le monde. Croquer l’existence. Respirer. Habiter le vide, habiller le néant, être et renaître entre ces deux espaces polymorphiques. Ecrire comme une sorcière magicienne, en filigrane de soi. Prendre confiance en sa nature et s’ancrer au Cosmos, s’enraciner à la terre, connectée à son humanité profonde. Revenir en soi. Mélanger quelques tranches de karma, des racines hiéroglyphes, les sourires de l’amour, un clin d’oeil de Bouddha, une pincée de miel, un zeste de folie, une rivière d’imaginaire, un désert de fleurs, une forêt musicale. Puis secouer émotions, intuitions et pensées avec impertinence, jusqu’à la naissance d’une nouvelle partition, arabique, fantastique ; d’un signe de ponctuation, inédit et audacieux qui tisserait des poésies de dentelle et des textes feutrés d’arabesques et de mystères, qui ne soulignerait rien car le rien n’est qu’une balise d’espaces sur un clavier astronaute. Voyager sur la lune et bien au-delà. Enlacer l’universalité. Etre soi. Electron libre. Ecrire. Toujours et encore. Jusqu’à la mort. Jusqu’à la porte d’après. Vivre son âme, ici et maintenant.
Texte : MOONATH © ND Photo 1 : Jean-Pierre Coston / i-trekkings.net Photo 2 : starbright / Pixabay
C’est beau, comme un tableau abstrait qui dévoile tout un monde à qui sait le voir, le regarder et plonger dans ses masses et ses entremêlements secrets.
Ouaou! La journée commence bien . Superbe
Gilles
un beau texte
Comme c’est beau Moonath….je repars rêvassant, merci 🙂
Douce soirée à toi !
Bisous de tendresse
MAGNIFIQUE ….Je n’ai pas d’autres mots …
Je me suis sentie en communion avec chacune de tes paroles …
Merci pour ce beau moment …!
Amitiés
Manouchka
Merci à tous pour votre enthousiasme généreux !
Et votre fidélité envers mon univers… douce soirée…
Je trouve que c’est ton plus beau texte, d’une grande richesse. Tu es bien une sorcière magicienne qui a choisi les mots au lieu des potions, et c’est aussi magique
!